Pascale Molho
Docteur en médecine, ancien Interne des hôpitaux de Paris, j’ai été Chef de Clinique Assistant des hôpitaux de Paris puis Praticien Hospitalier. Au cours de quinze années de carrière hospitalière, j’ai d’abord travaillé en hématologie, puis dans des services de maladies cardio vasculaires. J’ai intégré par la suite un laboratoire pharmaceutique, spécialisé dans la recherche sur les maladies cardio vasculaires, en tant que Chef de projet puis Responsable pour l’Europe du développement d’un médicament recombinant. Femme et médecin, la dimension humaine a toujours été au cœur de mon exercice professionnel car souffrance physique et morale m’ont toujours semblé intimement liées, voire indissociables. Ma vision globale de la médecine et du soin a été renforcée par des rencontres déterminantes : soins palliatifs, groupes de parole en milieu hospitalier, groupes Balint entre médecins. En 1994, j’ai fait la rencontre de Marshall Rosenberg, le créateur de la Communication Non Violente. Cette rencontre a marqué un tournant décisif dans ma vie professionnelle et personnelle. En découvrant la CNV, j’ai pris conscience que, jusque là, toute mon attention était focalisée sur les besoins d’autrui. Avec cette approche, j’ai pu mesurer l’importance vitale qu’il y avait à s’occuper aussi de soi, afin de maintenir un équilibre juste dans notre relation avec les autres, source de bonne santé physique, émotionnelle et mentale. Je me suis formée en accompagnant Marshall Rosenberg à travers le monde pendant 2 ans, et ai commencé à transmettre la CNV en France à partir de fin 1996. J’ai ainsi contribué et contribue toujours au développement des formateurs CNV en France.
J’exerce aujourd’hui comme formatrice consultante en communication et relation d’aide depuis 15 ans auprès de publics divers : personnels hospitaliers, réseaux de médecins généralistes, métiers de la justice, institutions à caractère social, ainsi que dans les entreprises. Une part de mon activité consiste à accompagner des équipes et également des personnes en individuel (ou des couples ), en tant que thérapeute. L’activité de médiation de couples en fait partie.
Souvent les gens me demandent quel est le lien entre ces deux métiers, en apparence si différents. Ce lien est évident pour moi. Depuis l’enfance, ma passion est la rencontre de l’autre. Au lycée, j’aimais déjà faire parler celles qui ne parlaient pas. Mon expérience en cardiologie m’a montré les conséquences du stress professionnel, en termes de maladies coronariennes (infarctus), et j’ai eu envie d’aller voir ce dont les malades me parlaient, à savoir la violence et la souffrance au travail. En ce sens, mon approche médicale était déjà une approche thérapeutique. La compétition, la peur de perdre sa place, l’attrait du pouvoir : j’ai mesuré le défi qui consiste à rester en lien avec ses valeurs humaines dans un tel environnement. J’ai compris que bon nombre de personnes plongées dans ce type d’environnement ont besoin de recevoir du soutien pour pouvoir s’affirmer, vivre en accord avec leurs valeurs profondes et retrouver leur place et leur puissance pour elles mêmes et au service du collectif. C’est donc pour moi autre manière de contribuer à la santé, proche d’Hippocrate, c’est à dire de l’intention d’aider la personne à retrouver l’équilibre. Prévenir est un mot qui fait sens pour moi : prévenir l’épuisement professionnel, prévenir la crise du couple, prévenir les maladies par une vie saine orientée vers ce qui nous enchante et nous nourrit, prévenir les conflits par l’écoute profonde et le respect de nos besoins humains et de ceux des autres. Récupérer notre pouvoir personnel de choisir comment vivre, à quoi exercer nos ressources, ce qui fait sens pour nous et comment contribuer au monde. J’adhère à l’un des fondements de la CNV qui est que ce qui nous procure le plus de satisfaction en tant qu’être humain est de sentir que nous contribuons à quelque chose qui a du sens.